En ce qui concerne l’expérience professionnelle dans les jeux vidéo, peu de personnes arrivent à la cheville de Warren Spector et de son parcours remarquable. Après avoir débuté sa carrière avec la série légendaire de Wing Commander dans les années 1990, il s’est ensuite engagé dans les franchises à succès telles que Ultima et System Shock avant de révolutionner le jeu d’infiltration avec Deus Ex et Thief. En résumé, c’est un titan dans le développement du jeu vidéo.
Et le voici de retour cette semaine, avec Disney Epic Mickey 2: Le retour des Héros, une suite prometteuse du jeu d’aventure épique de 2010, incluant un mode coopératif intégral ainsi que la compatibilité PlayStation Move. Le fondateur de Junction Point nous a fait la gentillesse d’accepter une interview de quelques minutes avec le PlayStation Blog malgré son emploi du temps chargé pour parler du jeu. Lisez la suite pour savoir ce qu’il nous a dit.
De nombreux gamers PlayStation ne connaissent pas forcément le premier opus. Qu’ont-ils raté ?
Warren Spector : Ce qu’ils ont raté ? Sans doute la meilleure expérience de jeu de tous les temps, voilà tout ! Non, sérieusement… Ils ont manqué la réintroduction de Mickey dans un jeu vidéo, un héros équivalant à Mario, Sonic, Link ou toute autre star de jeu de plateforme ou d’aventure.
Ils sont passés à côté du retour d’Oswald le lapin chanceux, la toute première mascotte des dessins animés de Walt Disney. Ce personnage mérite vraiment d’être redécouvert au lieu d’être jeté dans les oubliettes. Ils ont raté ce qui me semblait unique à l’époque, et qui l’est toujours, c’est-à-dire un mélange d’éléments de jeux de plateforme et d’aventure, que les joueurs pouvaient découvrir à leur guise.
Ils ont raté un système de choix et de conséquences à la “Deus Ex” appliqué à un style de jeu complètement différent : dans les jeux Disney Epic Mickey, chaque joueur raconte sa propre histoire, exactement comme dans Deus Ex et tous les autres jeux sur lesquels j’ai travaillé.
Ils ont raté un scénario intéressant, un univers complètement inédit et un voyage dans le temps chez Disney. Ils ont raté un paquet de trucs !
Et pour ceux qui y ont joué, quelles sont les améliorations que vous avez apportées au nouvel opus ?
Warren Spector : Je n’ai qu’un mot en bouche : la caméra ! L’équipe a travaillé d’arrache-pied pour améliorer le système de la caméra. Et quand je dis “d’arrache-pied”, je ne mâche pas mes mots ! Je pense aussi que nous avons fait un meilleur boulot quant à la direction du personnage, sur ses déplacements et ce qu’il doit faire. Un bon jeu se doit d’enseigner aux joueurs à faire des choses, et non à les laisser dans le flou sur ce qu’ils doivent faire !
Nous avons aussi doublé toutes les voix des personnages et il y en a même certains qui chantent. Nous avons élaboré un nouveau système à incidences, où le style du jeu compte énormément et les décisions des joueurs influenceront peut-être l’issu du jeu de manière irréversible.
Oh, et nous avons aussi ajouté un tout petit truc : un système de jeu coopératif à deux joueurs. En gros, un joueur incarne Mickey tandis qu’Oswald est un personnage contrôlé par l’ordinateur mais, à tout moment, un autre joueur peut venir participer à la partie en prenant le rôle d’Oswald. Voilà sur quoi repose Le Retour des Héros !
La caméra était en effet l’une des critiques apportées au premier jeu. Comment l’avez-vous modifiée ?
Warren Spector : Nous n’avons pas arrêté d’étudier le problème de la caméra dès la sortie du premier jeu. Nous avons apporté des tonnes de changement à la programmation du jeu, en incluant le contrôle manuel de la caméra tout en vérifiant qu’il ne soit pas nécessaire à tout bout de champ.
Les architectes des niveaux, c’est-à-dire les concepteurs et les artistes, avaient bien plus d’expérience cette fois pour structurer des niveaux qui n’interféreraient pas avec le système de la caméra, Et nous venons de comprendre les ramifications liées au changement du monde de manière dynamique avec la peinture et le solvant.
Cette fois-ci, tout tourne beaucoup mieux. Mais je suis sûr que les lecteurs et vous ne manqueront pas de nous le dire si c’est le cas !
Les développeurs ont souvent du mal à intégrer un mode coopératif simultané : est-ce que ceci a été l’une des difficultés lors du développement de Disney Epic Mickey : Le Retour des Héros ?
Warren Spector : Non, pas vraiment. Ce que je veux dire, c’est qu’une fois que l’équipe a opté pour Oswald en tant qu’IA dans le jeu, nous n’avions pas à créer des cartes spécifiques avec ou sans Oswald. Il accompagnerait toujours le joueur, même en mode solo.
Et je ne suis pas un grand fan des modes de jeu spéciaux : ici, ce n’est pas un mode spécial coopératif, une histoire coopérative ou des missions spécifiques pour l’équipe de joueurs. Cela fait simplement partie du jeu. Oswald est là pour venir en aide au joueur. Certaines fois, il est simplement contrôlé par l’ordinateur, et d’autres, c’est un joueur qui prend les rênes.
Mais ça n’a pas été facile. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit… Sinon l’équipe m’étriperait sur le champ ! Nous avons une équipe formidable à Junction Point qui voulait vraiment trouver des solutions, plutôt qu’on leur dise quoi faire. Et c’est ce qui fait toute la différence.
Disney Epic Mickey : Le Retour des Héros est un grand jeu haut en couleurs qui plaira à toute la famille, mais qui est assez détaillé pour intéresser aussi les gamers. À quel point est-ce que cela a été difficile de concilier les deux ?
Warren Spector : Oh, le simple fait de créer un jeu est déjà assez difficile comme ça ! Faire des jeux où “le style de jeu compte” est d’autant plus dur. Heureusement, faire des jeux où les joueurs peuvent décider de leur façon d’interagir avec le monde et les personnages rend les choses un peu plus faciles pour atteindre un public varié. Ça a l’air dingue, mais c’est pourtant vrai.
La chose qu’il faut se rappeler, c’est que dans la plupart des cas, voire dans tous, si un joueur tente de faire quelque chose – comme par exemple se battre, effacer un truc, se faufiler ou sauter – et que cela ne marche pas, que c’est trop dur ou que c’est ennuyeux, il peut toujours faire autre chose. Lorsqu’en jouant, il est possible de résoudre presque tous les problèmes de plusieurs façons différentes, cela attire pas mal de joueurs de tout niveau, peu importe leurs âges et leurs occupations. Mais il ne faut pas sous-estimer la difficulté de faire des jeux qui offrent ce genre de choix avec des conséquences qui leur sont liées ! C’est ça le plus dur…
Est-ce que vous pensez que les plus jeunes joueurs, ou même leurs parents, ont assez de choix qui s’offrent à eux actuellement ? Disney Epic Mickey : Le Retour des Héros semble différent des autres jeux attendus pour la période de Noël…
Warren Spector : Pour être honnête, je pense qu’il y a véritablement une mine de jeux qui s’offre aux joueurs actuellement, si vous regardez bien toutes les plateformes qui existent et les diverses méthodes de distribution. C’est vrai que si vous ne faites que regarder les jeux sur console, vendus en boutique, vous risquez de ne voir qu’une sélection restreinte de jeux vidéo. Mais si vous comptez les systèmes de distribution numérique comme par exemple, le PSN, alors là, un grand choix s’offre à vous, que ce soit au niveau du contenu, du gameplay, du prix d’achat, de l’immersion, etc. Et si en plus, vous comptez Facebook et les autres jeux par navigateur internet, sans oublier les jeux iOS et Android, la gamme de jeux disponibles est vaste. Ceci dit, j’apprécie beaucoup que Disney Epic Mickey : Le Retour des Héros soit l’un des rares jeux ouverts à toute la famille pour la prochaine période des fêtes. Et en parlant de “toute la famille”, je veux bien dire qu’il intéressera vraiment “tout le monde sans exception” !
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