Interview : L’art de la narration vidéoludique de The Last Guardian

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Interview : L’art de la narration vidéoludique de The Last Guardian

Fumito Ueda donne ses secrets d'expert pour obtenir une narration d'exception

Les jeux de Team Ico, c’est-à-dire, jusqu’à présent, ICO et Shadow of the Colossus, font partie des rares jeux à avoir touché les joueurs, parfois jusqu’aux larmes, grâce à leur narration émouvante et puissante. The Last Guardian conserve cette approche pour raconter les aventures d’un petit garçon mystérieux et de son compagnon animal Trico, aussi imposant qu’adorable. Et il faudrait avoir un cœur de colosse pour rester insensible devant les magnifiques images de jeu déjà dévoilées.

Aussi vous demandez-vous peut-être comment Team ICO a maîtrisé l’art occulte de la manipulation émotionnelle. Nous avons la réponse. PlayStation Blog a rencontré le créateur et le réalisateur du jeu, Fumito Ueda, qui nous en dit plus sur le nouveau périple de The Last Guardian, qui ne manquera pas de vous mettre une “poussière dans l’œil”…

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1. Les images sont des mots

L’écueil de tout narrateur est de tomber amoureux de ses propres mots. Mais n’ayez crainte, Ueda-san est davantage enclin à laisser l’image s’exprimer, ce qui est d’autant plus pertinent ici que le garçon et Trico n’ont pas de langage en commun.

Ils ne peuvent communiquer que par gestes, mouvements et réactions, c’est pourquoi une narration visuelle était la meilleure approche pour ce jeu, la plus à même de mettre en valeur son conte.”

Je cherche continuellement des moyens de transmettre l’émotion humaine grâce à la technologie, mais ici j’ai plutôt pensé qu’à travers un animal, nous pouvions obtenir tout un éventail d’émotions et d’expressions.”

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2. …mais n’ayez pas peur de vous servir des mots si nécessaire

Bien que l’accent soit donc mis sur la narration visuelle, The Last Guardian innove par rapport aux créations précédentes de Team Ico.

Au début du jeu, nous utilisons une voix off, celle du garçon devenu âgé,” explique Ueda-san.

Cela permet une meilleure mise en contexte, et la communication non verbale rapproche le joueur du garçon car il accède directement à ses pensées. De plus, c’est pour nous un moyen de fournir différents indices et informations au joueur d’une manière authentique.”

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3. Faire fusionner le joueur et le personnage

Le protagoniste humain de The Last Guardian a beau être anonyme, une multitude d’éléments permettent de s’en rapprocher en tant qu’individu.

One of my favourite things about the game are the ‘eureka’ moments; when the boy is trying to get Trico to understand something and he finally gets it,” says Ueda-san.

L’une des choses que je préfère dans le jeu, ce sont ces instants de déclic où le garçon parvient à faire comprendre tel ou tel concept à Trico.

Ils renforcent le lien entre les personnages eux-mêmes, mais également entre les personnages et le joueur, car ce dernier partage la sensation de réussite du garçon. Par ailleurs, nous avons souhaité fournir plus d’éléments relatifs à l’histoire du petit garçon que dans ICO et Shadow of the Colossus.

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4. Sauvez le chat volant !

Ceux qui ont étudié le cinéma ont sans aucun doute entendu parler de la technique du sauvetage de chat, tirée du livre de Blake Snyder “Save the Cat!” : il s’agit d’un acte de gentillesse fait par le protagoniste principal afin que le public l’apprécie. Or, la première chose que The Last Guardian vous demande est de retirer deux pieux fichés dans le corps du malheureux Trico, ce qui fait de vous un héros d’emblée, tout en vous confiant les prémices de cette relation si importante.

Le lien qui se développe entre eux est le thème central du jeu, mais cette relation diffère de celles d’ICO et de Shadow of the Colossus par son dynamisme. Dès ce premier instant de jeu, le garçon ne sait pas s’il doit considérer Trico comme un ami ou comme un ennemi, et le joueur essaye tout de suite de compenser ce manque de communication.

Par rapport aux relations uniformes d’ICO et de Shadow of the Colossus, celle-ci possède des hauts et des bas de grande amplitude…

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5. Les ennemis ne sont pas seulement des obstacles

Les ennemis effrayants présents dans ICO et Shadow of the Colossus reflètent bien souvent les thèmes majeurs des contes d’Ueda-san, c’est pour cela qu’ils sont assez peu nombreux en comparaison des autres jeux d’action-aventure.

Mais qu’en est-il des ennemis de The Last Guardian ?

Tout repose sur la collaboration,” répond Ueda-san avec un sourire. “Le garçon n’a aucune compétence de combat. Le joueur doit donc travailler avec Trico pour venir à bout des dangers.

Avec ICO, c’étaient surtout les éléments d’énigmes qui permettaient de protéger la princesse Yorda. Dans Shadow of the Colossus, l’objectif était de guider le joueur pour qu’il vienne à bout des colosses, ce qui avait un coût. Avec The Last Guardian, nous avons examiné les évolutions de la relation entre le garçon et Trico, et les défis que cela représente par rapport à la résolution des mystères du jeu.”

Nous développons aussi leur relation grâce aux passages plus calmes du récit : sans ces moments paisibles, nous ne serions d’ailleurs certainement pas parvenus à donner à leur relation autant de profondeur, ni de variations, avec toutes les conséquences qui en découlent dans le jeu.

Il ne fait aucun doute que nous aurons d’autres exemples de la narration si émouvante de The Last Guardian. En attendant, Ueda-san vous met personnellement au défi de visionner à nouveau la bande-annonce de l’E3 et d’en analyser le contenu.

Cette bande-annonce regorge de détails cachés. Si vous la regardez avec attention, vous découvrirez peut-être certains éléments que nous n’avons pas encore dévoilés…

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