En bonus, le responsable de la localisation du jeu explique les difficultés à adapter l'histoire pour un public occidental
Si vous n’arrivez même pas à sauver la personne que vous aimez, comment pourriez-vous sauver l’humanité ? Cette question est au centre de l’histoire de Steins;Gate 0 et rappellera des souvenirs aux fans de Steins;Gate, qui avaient suivi l’histoire d’Okabe, un savant fou parti faire un voyage dans le temps pour sauver la fille qu’il aime. Son premier essai avait été un échec, et le second fut en revanche une réussite. Mais s’il n’y avait pas eu de second essai ? Si quelqu’un l’avait empêché de réessayer ?
Steins;Gate Zero présente l’histoire d’un univers alternatif où Okabe n’a pas réussi à sauver Kurisu, et se retrouve obligé de vivre en assumant les conséquences de l’avoir sacrifiée. Six mois plus tard, il est devenu une véritable épave, accroc aux médicaments, et ne revoyant presque plus jamais ses amis. Son seul but dans la vie est de poursuivre le travail réalisé par Kurisu.
Mais le destin d’Okabe lui réserve encore d’autres surprises, quand il découvre, au début du jeu, que ses espoirs de revoir Kurisu ne seraient peut-être pas infondés…
Steins;Gate 0, le nouveau jeu de la fameuse série de visual novel de science-fiction sortira le 25 novembre sur PlayStation 4 et PS Vita.
L’histoire est bien plus sombre et pessimiste que dans Steins;Gate. Le premier jeu vous demandait à plusieurs reprises de voir ce que vous étiez capable de sacrifier pour sauver Mayuri. Zero est une histoire qui porte sur comment assumer les conséquences de ces choix, même s’ils vont à l’encontre de votre volonté.
Il y a aussi beaucoup plus de personnages qu’avant. J’adorais ceux de l’épisode précédent (une petite figurine de Kurisu trône sur mon bureau depuis 6 ans !), j’attendais donc les nouveaux au tournant. Mais après avoir fini la traduction, je me demande si les personnages de Zero ne les ont pas surpassés dans mon estime. Maho est ma préférée. Cela faisait plusieurs années que je n’avais pas vu un personnage aussi travaillé. Sur beaucoup d’aspects, elle ressemble à Okabe, avec une personnalité très forte qui abrite un cœur probablement plus sensible qu’elle ne le voudrait.
Un peu comme Okabe, sa vie a été complètement changée au contact de la géniale Kurisu Makise, et j’ai adoré la manière dont le personnage se développe et évolue tout au long de l’histoire.
J’ai vraiment eu l’impression de me rapprocher des personnages pendant cette année, comme s’ils faisaient un peu partie de moi. La localisation de Steins;Gate 0 a été un travail monstrueux. 5 mois se sont écoulés entre le moment où nous avons reçu le texte et où nous l’avons livré. On travaillait dessus plusieurs heures par jour, cinq jours par semaine. Le projet nous a été envoyé sous la forme de gigantesques tableurs, et nous avons travaillé dessus du début à la fin. Ensuite, nous avons tout relu pour vérifier qu’il n’y avait pas de problème de cohérence, et aussi pour améliorer un peu le style d’écriture de l’histoire. Je ne sais pas exactement combien d’heures de travail ça a représenté au total, mais c’était un projet vraiment très important, et probablement comparable à celui du jeu original en termes de taille.
Le projet en lui-même n’était pas des plus simples. Premièrement, c’est un jeu de science-fiction très pointu au niveau scientifique, il fallait donc faire beaucoup de recherches pour nous assurer d’utiliser la terminologie correcte. J’ai passé un certain temps sur Wikipédia à lire des articles sur l’intelligence artificielle, les sciences cognitives et sur diverses théories de voyage temporel !
Et bien sûr, n’oublions pas que c’est un jeu très japonais, et qu’il visait avant tout un public nippon, avec des termes et des références qui échapperaient peut-être aux occidentaux. Mais les personnes ayant joué au premier jeu ne le ressentiront peut-être pas autant dans celui-ci, Steins;Gate 0 étant beaucoup plus sérieux que son prédécesseur, et moins riche en références culturelles à Internet ou à la culture otaku. Le jeu dispose aussi d’un dictionnaire intégré pour expliquer certains des concepts les plus obscurs.
Cela en surprendra certainement certains, mais un des aspects les plus difficiles, ou tout du moins un des aspects sur lequel j’ai dû beaucoup réfléchir, concernait la localisation des dialogues de Mayuri. Mayuri est un personnage très particulier, qui parle d’une façon très peu orthodoxe. Elle a l’air un peu dans la lune, mais elle n’est ni stupide, ni étourdie, et quand elle parle, on ressent une forme de gentillesse et d’intelligence qui ne transparaîtraient pas forcément si on se contentait de traduire les mots littéralement. Et comme ce personnage est extrêmement important dans l’histoire, j’ai beaucoup travaillé sur la manière de retranscrire sa personnalité.
Il y a forcément des éléments du jeu qui sont plus difficiles à localiser. On est parfois tentés de les remplacer par quelque chose de plus facilement compréhensibles pour nous d’un point de vue culturel, même si on voulait autant que possible éviter de le faire.
L’univers et la culture sont des facteurs très importants pour le jeu, et ce serait insulter nos fans d’essayer de trop l’occidentaliser. Les fans de la traduction du premier jeu se rendront compte que la localisation se rapproche de celle de l’opus précédent, et que la plupart des idées difficilement compréhensibles pour un Occidental sont appréhendées de la même manière.
Par exemple, il y a un moment dans le jeu où un mot japonais spécifique (Senpai, utilisé ici pour parler d’une fille plus âgée dans une école) revêt une importance particulière dans l’histoire. Au lieu d’ignorer cet aspect et de le remplacer par un équivalent plus américain, nous l’avons laissé dans le texte en y ajoutant une très courte explication sur son sens, et sur la façon dont les personnages s’en servent.
Cela-dit, j’ai aussi traduit Steins;Gate 0 en gardant en tête qu’il était destiné à un public jouant sur console de salon ou console portable. Il fallait que le texte soit accessible et facile à lire pour le joueur, qu’il connaisse l’univers du jeu ou non. Je suis convaincu que nous y sommes parvenus.
On me demande souvent s’il est possible de comprendre le jeu même sans avoir joué au premier. Ne pas jouer à Zero parce que vous n’avez pas vu l’anime ou joué au jeu serait une erreur, l’histoire étant complètement indépendante. Le premier Steins;Gate est sorti il y a sept ans, et quand les scénaristes ont écrit Zero, ils se doutaient bien que de nombreux joueurs n’y auraient pas joué ou ne l’auraient pas fini. Steins;Gate Zero se déroule dans un univers où la plupart des événements du jeu original n’ont jamais eu lieu, et l’histoire s’en détache très vite. Même si c’est la suite directe, le jeu considère que le joueur ne sait rien du premier opus, en dehors de l’intrigue générale.
Je pense que si vous avez vu l’anime, lu le manga, ou que l’univers vous intéresse depuis déjà un moment, vous en savez suffisamment pour jouer à Steins;Gate 0 sans rien en rater.
Steins;Gate 0 est un jeu incroyable, et j’ai entendu beaucoup de personnes dire qu’ils l’ont préféré au premier. Bien qu’il soit possible d’y jouer en ne connaissant que le minimum de l’histoire de Steins;Gate, le jeu offre une conclusion à certains des points clés de l’histoire, et explique enfin un des plus grands mystères de la série.
Si la série vous intéresse, je vous invite vraiment à vous pencher dessus.
El Psy Kongroo!
Les commentaires sont désactivés.
1 Commentaire
Loading More Comments