Lancez-vous dans une quête pour rassembler les gens par la seule force de votre volonté, en effectuant des livraisons que tout le monde pensait impossibles
Par où commencer ? Death Stranding, comme pratiquement tous les projets sur lesquels Hideo Kojima a travaillé, a été la cible de bien des spéculations, et ce depuis sa première apparition sur la scène de la conférence de presse PlayStation de l’E3 2016.
Étant donné que Kojima-san se lançait en indépendant, créant un nouveau studio (sur lequel il a misé jusqu’à son nom) et se lançant dans un partenariat avec Sony Interactive Entertainment pour éditer le tout premier projet dudit studio, tous les espoirs étaient permis. Est-il seulement possible de répondre de façon satisfaisante à ces rêves fous ?
Pour moi, oui.
Plus particulièrement, il y a deux sortes de joueurs qui, à mon sens, vont réellement apprécier cette expérience aussi étrange qu’ambitieuse :
- Les joueurs qui aiment profiter des qualités organiques, délibérées, et méditatives des jeux en monde ouvert.
- Les joueurs qui aiment optimiser le jeu, tordant les statistiques dans tous les sens afin de décrocher la victoire, et ce quelle que soit la tâche qui leur est confiée.
Le monde de Death Stranding encourage l’exploration et la découverte, abritant tout-à-la-fois des vues magnifiques et des recoins cachés, et est parsemé de Survivalistes : des gens qui passent leur vie dans des bunkers isolés à la suite d’un évènement cataclysmique connu sous le nom de — vous l’aviez vu venir — “Death Stranding”. Dans la peau de Sam Bridges, un brave type un peu bourru, votre mission consiste à retrouver et reconnecter ces gens et, avec un peu de chance, en profiter pour leur inspirer de l’espoir pour le futur de l’Amérique au passage.
Les Survivalistes sont généralement peu nombreux et isolés, ce qui signifie que Sam doit bien se préparer avant de se lancer dans une livraison.
Planifier votre route est un processus étonnamment tactile et réfléchi, qui se fait avec l’aide d’une carte que vous pouvez faire passer en espace 3D en maintenant votre doigt sur le pavé tactile de votre DualShock 4.
Bien sûr, il y a toujours le Plan B : placer un marqueur sur votre destination et vous débrouiller au fur et à mesure. Cette option devient plus pratique après quelques heures de jeu, une fois que vous avez débloqué des plans permettant de construire plus d’outils et de véhicules. Beaucoup d’entre eux s’adaptent à une situation particulière, mais tous faciliteront grandement vos voyages. Vous devez livrer des médicaments à quelqu’un qui s’est installé au sommet d’une montagne ? Prenez avec vous quelques échelles et des piolets d’escalade. Vous suspectez que vous allez avoir affaire à une faction hostile ? Prenez un pistolet Bola pour vous en débarrasser vite et sans les tuer. Vous pensez que votre route vous amènera à traverser une zone hantée par des créatures surnaturelles presque invisibles, coincées entre les plans de la vie et de la mort ? Il y a des options pour rendre cela moins terrifiant, ça aussi.
Il est également impératif, pour assurer le succès de votre mission, de vous assurer que Sam se repose entre deux grosses livraisons ou après avoir échappé de justesse à un désastre. Votre compteur d’endurance fonctionne à peu près de la façon dont vous pourriez vous y attendre, mais votre endurance maximum se réduira au fil du temps si vous enchaînez les tâches éreintantes. N’hésitez pas à faire une sieste dans une pièce privée, il y en a une à chacune des destinations majeures du jeu.
L’endurance peut aussi être récupérée en laissant tout simplement Sam s’asseoir n’importe où dans le monde. Si vous repérez un cairn en pleine cambrousse, cela signifie qu’un autre joueur est en train de faire une pause là, et vous pourrez vous-même récupérer plus rapidement à cet endroit — juste un petit exemple du fonctionnement de jeu asynchrone de Death Stranding. Petit détail sympa : si vous laissez passer quelques minutes sans interagir avec le jeu, Sam décidera de lui-même de faire une pause là où il se trouve, ce qui produira un genre de quasi-écran de veille assez plaisant pendant qu’il récupère.
La façon dont Death Stranding gère la progression de personnage est un peu comme une évolution plus organique et nuancée du traditionnel système d’évolution par l’XP que nous ne connaissons que trop bien. Lorsqu’une livraison est finalisée, Sam reçoit une note dans plusieurs “matières”, telles que le délai de livraison, le poids du colis, et la condition générale de ce dernier.
Décrocher les meilleures notes dans ces matières (et d’autres) permettra à Sam de s’améliorer, ce qui à terme lui octroiera des bonus à l’endurance, au poids transportable maximum, à l’équilibre… Effectuer de nombreuses livraisons de haute importance auprès des Survivalistes renforcera également le lien que Sam entretient avec eux, et bien souvent cela se traduira par l’acquisition de nouveaux outils et de bonus cosmétiques qui lui seront offert au fur et à mesure qu’il gagnera leur confiance.
C’est un monde ouvert que vous pouvez explorer à votre propre rythme — j’ai passé plus d’une centaine d’heures à effectuer des livraisons à travers toute l’Amérique, renforçant des liens et rassemblant des matériaux pour construire des routes et améliorer des structures, avant de me décider à conclure l’histoire principale. La boucle de jeu présente ici est addictive, et plus encore si la découverte de nouveaux outils et améliorations qui renforcent encore cette boucle est votre came.
Mais la vraie magie de Death Stranding ne devient évidente qu’une fois que vous réalisez que vous ne construisez pas ces structures ni ne pavez ces routes que pour votre seul bénéfice.
Tout ce que vous faites peut potentiellement aider d’autres joueurs dans leurs propres aventures, et plus vous progressez dans l’odyssée de Sam, moins vous passez de temps à chercher comment rendre votre voyage plus facile ; à la place, vous réfléchissez de plus en plus aux façons dont vous pourriez aider ceux qui vous suivent.
La confiance avec laquelle Kojima Productions a rendue réelle la vision de celui qui a donné son nom au studio est admirable. Personne n’a jamais réalisé un tel jeu auparavant, mais Death Stranding a l’air si absolument certain de ce qu’il est, lançant les joueurs dans une épopée qui, par bien des aspects, semble refléter celle dans laquelle Kojima-san lui-même s’est embarquée il y a seulement une poignée d’année : une quête pour rassembler les gens par la seule force de sa volonté, en s’efforçant de livrer des choses que tout le monde pensait impossible à livrer.
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